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Gynécologie

femme1- Quelques freins à la consultation gynécologique des lesbiennes

Contrairement à ce que certaines pensent, la consultation annuelle d’un(e) gynécologue concerne autant les lesbiennes que les hétérosexuelles. Pourtant, pas moins de 15% des lesbiennes au Canada échappent à ces visites, et ce, pour plusieurs raisons (Davis, 2000). D’abord parce que nous associons trop souvent les examens gynécologiques à la procréation ou à la contraception, celles-ci n’étant pas forcément des préoccupations communes à toutes les lesbiennes (Guillon, 2012). Mais aussi parce que des expériences négatives antérieures et la crainte de dévoiler son orientation sexuelle constituent des barrières empêchant fréquemment les lesbiennes à consulter un(e) gynécologue (Martet, 2011). D’autant plus que lorsque les lesbiennes consultent un(e) médecin, ce sont pour des raisons généralement différentes que celles des hétérosexuelles. Nous échappons donc fréquemment aux conseils habituels des professionnels de la santé concernant notre santé gynécologique (Davis, 2000).

 

2- Mais pourquoi consulter un(e) gynécologue?

En général, les lesbiennes ne bénéficient guère d’un discours préventif sur la santé sexuelle au même titre que les gais ainsi que les hétérosexuel(e)s (Act-Up Paris, 2008 & Martet, 2011). Les visites annuelles chez la ou le gynécologue sont une méthode de prévention demeurant pourtant essentielle pour prévenir un certain nombre d’infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) (voir la fiche sur les Infections transmissibles sexuellement et par le sang chez les lesbiennes) et pour procéder à un examen complet des seins en vue de prévenir le cancer du sein (voir la fiche sur le Cancer du sein). La consultation gynécologique permet aussi de détecter et traiter des cancers gynécologiques, tel le cancer du vagin et du col de l’utérus (Société canadienne du cancer, 2013). Et considérant que les lesbiennes sont autant à risque que les hétérosexuelles face à ces maladies, nous nous voyons autant concernées (Martet, 2011).

 

3- Le pap test

Le pap test (aussi appelé le frottis et le papanicolaou) est une intervention réalisée par un(e) gynécologue et elle permet un petit prélèvement de cellules de l’orifice du col de l’utérus afin de déceler d’éventuelles infections virales et des lésions susceptibles d’évoluer vers un cancer (Martet, 2011). Le test s’insère généralement dans le cadre de votre examen de santé gynécologique habituel et est d’une durée de quelques minutes seulement. Les résultats du prélèvement vous sont ensuite acheminés entre deux à huit semaines plus tard (Société canadienne du cancer, 2013). Il y a différents discours, variant selon les pays occidentaux, se positionnant quant à la fréquence à laquelle devrait être réalisé le pap test. Les fréquences proposées varient effectivement entre un et trois ans, et ce, entre l’âge de 21 et 69 ans. Au Canada, l’on suggère que toute femme active sexuellement, de toutes orientations sexuelles confondues, doit réaliser un pap test à tous les trois ans, et ce, entre 25 et 69 ans. Les femmes non actives sexuellement devraient alors consulter leur gynécologue afin de convenir s’il est pertinent ou non de réaliser un pap test (Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs, 2013).

Le pap test permet particulièrement de prévenir le cancer du col de l’utérus, étant le cancer causant le plus de mortalité chez les femmes dans les pays en voie de développement (ILGA, 2011). Les lesbiennes se trouvent significativement à risque face à ce cancer, et ce, notamment en raison du haut taux d’obésité et de tabagisme au sein de la communauté. Ceux-ci sont effectivement deux facteurs de risque du cancer du col de l’utérus (O’Hanlan, 2010). Mais dans 85 à 90% des cas, les femmes ayant le cancer du col de l’utérus ont initialement contracté le virus du papillome humain (VPH), étant une ITSS se contractant autant dans le cadre de relations sexuelles avec des femmes qu’avec des hommes (ILGA, 2011). Il s’avère qu’opter pour un pap test selon la fréquence prescrite permet de réduire d’environ 90% les chances de développer le cancer du col de l’utérus (Papscreen victoria, 2006).

 

4- Dire ou ne pas dire votre orientation sexuelle à votre gynécologue?

La décision de divulguer votre orientation sexuelle à votre gynécologue vous revient entièrement. Or, dans une perspective où vos pratiques sexuelles ont une incidence directe sur votre corps et sur les maladies que vous pouvez contracter tout au long de votre vie, il demeure important d’informer votre gynécologue en conséquence (Le Crips, 2004). C’est pourquoi une relation de confiance est essentielle avec celle-ci ou celui-ci, d’autant plus qu’il n’est pas toujours évident de poser des questions portant directement sur sa propre intimité. Si votre gynécologue ne semble pas au courant de la sexualité entre femmes, n’hésitez pas à l’informer davantage. Et dans l’optique où vous ne vous sentez pas à l’aise avec celle-ci ou celui-ci, vous pouvez très bien solliciter les services d’un(e) autre professionnel(e). Souvent, il est pratique de s’informer auprès de ses amies afin d’identifier une ou un gynécologue ouvert et inclusif envers les lesbiennes (Le Crips, 2004).

 

5 – Ressources

Le CLSC de votre région

 

6- Liens Internet

  1. a) Liens en français :

 

Le Crips : http://www.lecrips.net/L/L1/consultation.htm

 Association internationale de lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, trans et intersexuées: http://old.ilga.org/health/ILGA_Lesbians_Health_Myths_Realities_FR.pdf

Yagg : http://commentcavalesfilles.yagg.com/2011/01/07/tou-savoir-sur-le-suivi-gynecologique

Act-Up Paris : http://www.actupparis.org/article71.html

Santé PluriELLE (banque documentaire): http://www.sante-plurielle.ch/Ressources/Santé%20gynécologique,%20IST%20et%20safer%20sex/?a=209,261

 Société canadienne du cancer : http://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/diagnosis-and-treatment/tests-and-procedures/pap-test/?region=qc

 

  1. b) Liens en anglais :

PapScreen Victoria : http://www.papscreen.org.au/forwomen/whoshouldhavepaptests/lesbians

Government of South Australia : http://www.sahealth.sa.gov.au/wps/wcm/connect/d760b58043c504ba921fd326a3df42b9/DoLesbiansNeedPapSmears-PHCC-SACSP-0609.PDF?MOD=AJPERES&CACHEID=d760b58043c504ba921fd326a3df42b9

  

7- Livres et articles

O’Halan, Katherine A. (2010). «Is this Bleeding Normal?» : Lesbians and gynecologic maligancy. Dans Suzanne L. Dibble & Patricia Robertson (dir.), Lesbian Health 101 (p. 395-405). Etats-Unis, San Francisco : UCSF Nursing Press.

Davis, Victoria (2000). Lignes directrices sur la santé des lesbiennes. Journal SOGC. (87), p.1-5.