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SANTÉ MENTALE

femme1— Informations générales

Jusqu’aux années cinquante, l’ensemble des travaux réalisés en lien avec l’homosexualité a associé à tort cette orientation sexuelle avec une pathologie mentale. Cette tendance n’est pas encore tout à fait disparue, ce qui a pour effet de stigmatiser les problèmes de santé mentale chez la communauté lesbienne (Lhmond & Saurel-Cubizolles, 2009).

Puisque les lesbiennes ont souvent à conjuguer avec la discrimination, la lesbophobie intériorisée ainsi qu’avec l’isolement qu’engendre parfois l’affirmation de son orientation sexuelle, nous nous voyons à risque de développer différents problèmes de santé mentale (Benton & Haller, 2010). Ainsi, selon une étude américaine, il s’avère que les lesbiennes sont plus nombreuses à faire appel à des services d’aide en santé mentale, et ce, comparées aux hétérosexuelles ainsi qu’aux gais (66% contre 35,8% et 56,7% respectivement) (Ruble & Forstein, 2007). Sans compter que les problèmes de santé mentale chez les lesbiennes s’arriment encore plus avec d’autres problématiques (tels l’alcool et d’autres types de problèmes de santé mentale), si nous effectuons une comparaison avec les hétérosexuelles (54% contre 30%) (Benton & Haller, 2010).

Les problèmes de santé mentale, autant chez les hétérosexuel(e)s que chez les lesbiennes, sont le résultat d’une interaction complexe entre les traits psychologiques (tempérament, traits de personnalité, etc.), les prédispositions génétiques ainsi que les influences de l’environnement dans lequel nous vivons. Ainsi, un environnement hétérosexiste et lesbophobe a une incidence sur la santé mentale des lesbiennes (Benton & Haller, 2010).

 

  • Quelques problèmes de santé mentale les plus fréquents chez les lesbiennes
  1. a) La dépression majeure
  • Qu’est-ce que la dépression majeure?

 

La dépression majeure est la survenue d’un ou de plusieurs épisodes dépressifs où règnent des sentiments de perte d’intérêt, de désespoir et de déprime, le tout, pendant une période d’au moins deux semaines consécutives. Ainsi, la dépression majeure diminue significativement les capacités à faire face aux responsabilités de la vie courante (Nevid, Rathus & Greene, 2011).

Voici quelques symptômes caractéristiques de la dépression majeure (ladepressionfaitmal.ca, 2013):

  • Sentiment chronique de tristesse
  • Perte d’intérêt et de plaisir
  • Pensées suicidaires
  • Fatigue et manque d’énergie persistant
  • Changement d’appétit et de poids
  • Sentiment d’agitation ou de ralentissement moteur
  • Difficulté de concentration
  • Irritabilité
  • Trop ou pas assez de sommeil
  • Difficulté à prendre des décisions
  • Sentiment de dévalorisation

 

  1. b) Spécificités chez les lesbiennes

Alors que la dépression touche deux fois plus les femmes que les hommes (Gouvernement du Québec, 2001), les lesbiennes se voient encore plus vulnérables face à ce trouble de santé mentale. Cela s’explique en autres par le fait «que nous vivons dans un monde homophobe et hétérosexiste où nos vies sont souvent dévalorisées […].», ce qui à moyen ou long terme, a des effets significatifs sur l’humeur (ILGA, DATE). Cette réalité, additionnée à d’autres facteurs tels la lesbophobie intériorisée, l’isolement, un sentiment de honte lié à son orientation sexuelle, l’invisibilité des lesbiennes au sein de la société ainsi qu’un faible soutien social, est susceptible d’engendrer une plus grande fragilité des lesbiennes face à la dépression (Benton & Haller, 2010). D’autres facteurs, tels la violence sexuelle vécue à l’enfance, la toxicomanie, le divorce d’un conjoint violent, des difficultés relationnelles avec la famille d’origine ainsi qu’une rupture amoureuse (et l’isolement subséquent) sont également des facteurs de risque spécifiques aux lesbiennes (RQASF, 2003).

Dans le plus extrême des cas, la  dépression peut mener à des idées suicidaires ou à une ou plusieurs tentative(s) de suicide. Un grand nombre d’études se sont arrêtées sur la question du suicide chez la communauté lesbienne. L’ensemble de ces études s’entend sur le fait que les lesbiennes présentent un plus haut taux d’idéations suicidaires et de tentatives de suicide que les hétérosexuelles, et ce, particulièrement lors de la période de l’adolescence et du début de l’âge adulte. Cette période concorde souvent, par le fait même, par la sortie du placard et les stress que celui-ci génère. Ainsi, les jeunes adolescentes lesbiennes sont cinq fois plus à risque de se suicider que les hétérosexuelles (Cybersolidaires, 2006 & Lhmond & Saurel-Cubizolles, 2009).  Ce n’est pas l’homosexualité en soi qui mène au suicide, mais plutôt les sentiments d’être inadéquate, la lesbophobie intériorisée, l’anxiété, la dépression, l’isolement social engendré par l’annonce du lesbianisme ainsi que des conditions de vie plus difficile (Blues-out, 2013).

 

3- Troubles anxieux

  1. a) Qu’est-ce que l’anxiété?

L’anxiété est un état généralisé et de peur et d’appréhension (Nevid, Rathus & Greene, 2011). Nous vivons toutes dans notre quotidien de l’anxiété, en autres parce que nous devons constamment nous adapter aux différents évènements se présentant dans nos vies (par exemple dans le cadre d’un examen, d’une entrevue pour un nouvel emploi, etc.). Normalement, l’anxiété disparaît suite à ces évènements et la vie reprend son cours normal. Or, lorsque l’anxiété ne se résorbe pas, qu’elle survient sans raison apparente et qu’elle nuit à votre fonctionnement quotidien, il est probable qu’un trouble anxieux  soit à l’origine de ce malaise (Gouvernement du Québec, 2013). Il existe plusieurs types de troubles anxieux : le trouble de panique, les troubles phobiques, les troubles obsessionnels-compulsifs, le trouble d’anxiété généralisé et l’état de choc post-traumatique. Pour plus d’information sur chacun de ces troubles, vous pouvez suivre le lien suivant : http://www.douglas.qc.ca/info/troubles-anxieux

  1. b) Spécificités chez les lesbiennes

Selon la littérature portant sur le sujet, il s’avère que la communauté lesbienne présente un plus haut taux d’anxiété que les hétérosexuelles (14,7% contre 3,8%) (Ruble & Forstein, 2007). Cette réalité s’explique par le fait que les lesbiennes doivent conjuguer avec le fait qu’elles ont une orientation sexuelle minoritaire et la discrimination vécue au quotidien (Ryan & Futterman, 1999). De plus, maintes lesbiennes cachent leur orientation sexuelle à leur réseau social et maintenir un tel secret est source d’anxiété quotidienne (O’Hanlan & Isler, 2007). Il s’agit donc là d’éléments nécessitant une capacité d’adaptation constante, ce qui, à moyen ou long terme, nous rend plus vulnérables face au développement d’un trouble anxieux.

 

3- État de choc post-traumatique

  1. a) Qu’est-ce que l’état de choc post-traumatique?

 L’état de choc post-traumatique est un trouble anxieux se voulant réactionnel à un événement traumatisant. Il s’agit ainsi d’un événement dans lequel il y a un danger de mort apparent (Douglas, 2013). Les femmes sont environ deux fois plus à risque face à un tel trouble et peuvent le développer notamment en raison d’agression(s) sexuelle(s) ou en raison de toute autre forme de violence dont elles sont ou ont été victimes. Les principaux symptômes sont des flashbacks continuels, l’évitement volontaire ou involontaire de souvenirs liés à l’événement traumatique et l’hypervigilance malgré l’absence de danger imminent (Douglas, 2013).

 

  1. Spécificité chez les lesbiennes

Les lesbiennes sont davantage exposées à diverses formes de violences lesbophobes, quelles soient verbales, psychologique physiques et sexuelles (voir fiche sur l’agression sexuelle), et ces différents évènements traumatisants sont propices au développement de symptômes de choc post-traumatique (Zelinger, 2004 & Drabble, Eliason & Reyes, 2010).

 

4- Traitements

Pour un bon nombre de problèmes de santé mentale associés à l’humeur et à l’anxiété, la combinaison d’une psychothérapie et d’un traitement pharmacologique est recommandée. Pour une psychothérapie, il y a plusieurs psychothérapeutes travaillant dans le domaine de la santé mentale connu pour leur ouverture aux minorités sexuelles et plus spécifiquement aux lesbiennes (Benton & Haller, 2010). La psychothérapie permet un changement sur le fonctionnement cognitif, émotionnel et comportemental par l’apprentissage de nouvelles stratégies face aux difficultés rencontrées (Nevid, Rathus & Greene, 2011). En ce qui concerne le traitement pharmacologique, il s’agit d’une approche permettant en autres d’apaiser les symptômes associés à des troubles de santé mentale. Bien qu’elle présente des bienfaits significatifs, elle s’avère tout aussi efficace que la psychothérapie pour les troubles anxieux ainsi que la dépression (Nevid, Rathus & Greene, 2011).

Aussi, mentionnons que les troubles mentaux tels que vécus spécifiquement par les femmes sont souvent générés par la violence, l’injustice, la lesbophobie, la discrimination et la pauvreté. C’est pourquoi les lesbiennes, par leur sexe et leur orientation sexuelle, se trouvent davantage vulnérables. Et lorsque nous consultons en santé mentale parce que nous présentons des symptômes anxieux et dépressifs, ceux-ci ne sont pas nécessairement associés à des psychopathologies comme telles, mais sont parfois le résultat d’un contexte socio-culturel opprimant envers les lesbiennes (Rondeau, 1994). Ce qui créé ainsi des symptômes associés à des problèmes de santé mentale. Et dans de telles circonstances, la solution ne se retrouve pas forcément dans les médicaments, mais plutôt dans l’apprentissage de comportements affirmatifs ainsi que dans la reprise du pouvoir sur sa vie (Rondeau, 1994). C’est d’ailleurs ce que proposent généralement les ressources d’aide féministes en santé mentale.

 

5- Ressources

Les références suivantes sont des psychologues connues pour intervenir auprès d’une clientèle lesbienne dans leur pratique quotidienne et pour leur expertise en santé mentale:

 

  • Johanne Langlais, psychologue

Adresse : 4454, rue de Bordeaux, Montréal (Québec), H2H 1Z7

Téléphone : (514) 527-4343

 

  • Michèle Gervais, psychologue

Adresse : 350, boul Saint-Joseph E. Bureau 103, Montréal (Québec) Canada, H2T 1J4

Téléphone : (514) 849-0557

 

6- Liens Internet

  1. a) Liens en français 

Ladepressionfaitmal.ca : http://ladepressionfaitmal.ca/fr/default.aspx

Blues-out : http://www.blues-out.ch

Passeportsanté.net : http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=troubles_anxieux_douglas_pm

 International lesbian, gay, bisexual, trans and intersex association (ILGA): http://old.ilga.org/health/ILGA_Lesbians_Health_Myths_Realities_FR.pdf

Institut universitaire en santé mentale Douglas : http://www.douglas.qc.ca/info/trouble-stress-post-traumatique

 Réseau québécois d’action pour la santé des femmes : http://rqasf.qc.ca/files/synthese_sante_mentale.pdf

 

  1. b) Liens en anglais 

Association of Gay and Lesbian Psychiatrists : http://www.aglp.org

 

 

7- Liste de livres et articles

 

  1. Lhomond & M.J. Saurel-Cubizolles (2009). Orientation sexuelle et santé mentale : une revue de la littérature. Revue d’épidémiologie de santé publique. 57(6). 437-50.

Cynthia L. Benton & Ellen Haller (2010). «I’m So Sad, Just Let Me Be» : Lesbians and dépression. Dans Suzanne L. Dibble & Patricia Robertson (dir.), Lesbian Health 101 :A Clinician’s Guide (273-292). Etats-Unis, San Francisco : UCSF Nursing Press.

Irène Zellinger (2004). Entre visibilité et invisibilité : les lesbiennes face à la violence dans l’espace public. Femmes et Villes. 1(8). 195-206.

Jeffrey Nevid, Spencer Rathus & Beverley Greene (traduit en français par Marie-Elaine Huberdeau, Maxime Chevrier, Luc Blanchette & Nathalie Cormier) (2011). Psychopathologies : une approche intégrée (7e éd.). Canada, Montréal : ERPI.

Katherine O’Hanlan & Christy M. Isler (2007). Health Care of Lesbian and Bisexual Women. Dans Ilan H. Meyer & Mary E. Northridge (dir.). The Health of Sexual Minorities : Public Health Perspectives on Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Populations (506-521). Etats-Unis, New-York : Springer.

Laurie Drabble, Michele J. Eliason & Migdalia Reye (2010). «Meet Me at the Bar?» : Patterns of alcohol and drug abuse among lesbians. Dans Suzanne L. Dibble et Patricia A. Robertson (dir.).  Lesbian Health 101 : A Clinician’s Guide. (141-181). Etats-Unis, San Francisco : UCSF Nursing Press, University of California.

Suzanne Rondeau (1994). Une intervention de groupe d’orientation féministe. Service social, 43(3), 123-137.