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Quelques définitions

1- Quelques définitions…

  1. a) Homophobie 

Voici deux définitions utilisées pour définir l’homophobie :

«Toutes les attitudes négatives pouvant mener au rejet et à la discrimination, directe et indirecte, envers les gais, les lesbiennes, les personnes bisexuelles, transsexuelles et transgenres, ou à l’égard de toute personne dont l’apparence ou le comportement ne se conforme pas aux stéréotypes de la masculinité ou de la féminité.» (Gouvernement du Québec, 2009).

«Une hostilité psychologique et sociale à l’égard des membres de la diversité sexuelle. Cette hostilité vise non seulement les personnes homosexuelles, mais aussi celles dont l’apparence ou les comportements dérogent aux normes sociales prescrites de masculinité et de féminité» (Conseil permanent de la jeunesse, 2007).

Le terme «homophobie» est ainsi communément utilisé pour désigner la haine et l’intolérance, se manifestant par différentes formes de violence (verbale, physique, psychologique, économique, etc.) à l’endroit des lesbiennes, bisexuel(le)s, transsexuel(le)s et transgenres (LGBT). Or, certaines critiques ont été formulées envers le terme «homophobie». Effectivement, celui-ci ne tiendrait pas compte des contextes idéologique, culturel, politique et social dans lesquels s’inscrivent des attitudes haineuses envers les LGBT. Ces contextes pouvant alors donner une compréhension plus globalisante du phénomène (Chouinard, 2010). Effectivement, le terme «homophobie» tient compte uniquement de «l’état d’esprit» d’une personne envers les homosexuels, souvent caractérisé par une hostilité psychologique. Cela ne tient donc pas compte des facteurs externes pouvant expliquer cette hostilité. D’ailleurs, mentionnons quelques incohérences au niveau du sens qu’a le mot «homophobie», initialement soulevées par Bohan (1996), Haaga (1991) & Herek (1986), mais rapportées par Janik Bastien Charlebois (2011). Ces auteurs remettent effectivement en question la pertinence que le mot «phobie» soit dans la morphologie du mot «homophobie». Ils mentionnent effectivement que :

  • La phobie sous-entend la peur, alors que l’homophobie sous-entend la haine ;
  • La phobie est reconnue par les personnes qui en sont aux prises comme étant excessive et irrationnelle, mais l’homophobie est facilement rationnelle et justifiable;
  • La phobie entraîne l’évitement, alors que l’homophobie entraîne la violence ;
  • Les personnes ayant une phobie désirent pour la plupart un changement, ce qui n’est pas nécessairement le cas pour les personnes homophobes.
  1. b) Hétérosexisme    

Dans un contexte où les dimensions idéologique, culturelle, politique et sociale sont nécessaires à la compréhension de la violence envers les LGBT (Bastien Charlebois, 2011), il est essentiel qu’un terme soit employé en ce sens. C’est ainsi que l’hétérosexisme désigne :

«La discrimination et l’oppression basées sur une distinction faite à propos de l’orientation sexuelle. L’hétérosexisme est donc aussi la promotion incessante, par les institutions ou les individus, de la supériorité de l’hétérosexualité et de la subordination simultanée de l’homosexualité. L’hétérosexisme tient pour acquis que tout le monde est hétérosexuel, sauf avis contraire.» (Vincent Chouinard, 2010).

De ce fait, le concept d’hétérosexisme définit la croyance selon laquelle il existe une hiérarchisation des orientations sexuelles (Bastien Charlebois, 2011), classant les orientations sexuelles marginales et minoritaires au bas de l’échelle. Ce qui justifie en quelque sorte les attitudes négatives à leur égard, celles-ci s’observant par le biais des personnes et des institutions ainsi que les différents systèmes qui les influencent. Nous voyons donc bien que le concept d’hétérosexisme intègre une analyse globale des mécanismes pouvant expliquer les attitudes négatives à l’endroit des LGBT, et ce, contrairement au concept d’homophobie.

  1. c) Hétéronormativité

            L’hétéronormativité se définit comme suit:

«Il s’agit d’un modèle productif qui incite, par les mécanismes de la structure sociale, à concevoir qu’un seul type de relation de couple possible, soit l’hétérosexualité, et ainsi, forclore les identités de genre dans l’unique binôme homme/femme.» (Chamberland & Théroux-Séguin, 2009).

 

L’hétéronormativité fait ainsi référence à supériorité des stéréotypes hétérosexuels (homme viril et femme féminine) sur tout autre modèle d’identité personnelle et pratiques sexuelles (Chamberland & Théroux-Séguin, 2009). C’est pourquoi l’hétéronormativité veut en quelque sorte que l’hétérosexualité soit une norme, celle-ci devant aller de soi pour tout le monde.  

  1. d) Lesbophobie

Vanessa Watremez (2007) désigne la lesbophobie comme suit :

«La lesbophobie […] traduit la peur et la haine envers les lesbiennes parce qu’elles transgressent les rôles féminin/masculin, sont indépendantes des hommes sexuellement et, en partie, économiquement. En cela, elle est un outil de soutien au système et inégalitaire entre les sexes. En effet, la lesbophobie a pour fonction de renforcer la «naturalité» des catégories de  sexe : elle permet de dire que ce que doit être une «vraie» femme et une «bonne» sexualité ; elle est utilisée pour réaffirmer […] ce qu’est la norme […]. Elle permet ainsi de réactualiser l’identité féminine, car elle soutient le système de la différence des sexes.».

La lesbophobie tient compte de la discrimination exercée à l’endroit des lesbiennes parce qu’elles dévient aux attentes sociales envers les femmes. Ainsi, elle «ne se limite […] pas à une attitude discriminatoire face à l’orientation sexuelle comme c’est le cas pour l’homophobie ; elle fait aussi référence au sexisme qui touche toutes les femmes.» (RQASF, 2013). Il s’agit de cette façon d’une violence exercée envers les lesbiennes servant à maintenir «l’organisation très orchestrée des rapports entre les sexes.» (Watremez, 2007).

e) Lesbophobie intériorisée

Voici la définition de Vanessa Watremez (2007) permettant de mieux comprendre ce qu’est la lesbophobie intériorisée:

«Celle-ci empêche toute forme d’identification positive […]. Ainsi, elle peut aller jusqu’à une haine de soi et peut être aussi une façon de penser sa partenaire selon des cadres lesbophobes, hétéronormatifs et sexistes, cadres qui permettraient de développer, de légitimer et d’organiser la violence.». (Watremez, 2005).

L’hétérosexisme, véhiculant un système de croyances dénigrant les personnes en fonction de leur orientation sexuelle, incite ainsi les lesbiennes à intégrer ces croyances. Celles-ci les poussent donc à détester leur orientation sexuelle et celle de toutes femmes également lesbiennes.

2- Liens Internet en français

Réseau québécois d’action pour la santé des femmes : http://rqasf.qc.ca/files/sante-lesbiennes-fr.pdf

Conseil permanent de la jeunesse : http://www.jeunes.gouv.qc.ca/documentation/publications/publications-cpj/documents/diversite-sexuelle/homophobie.pdf

C’est comme ça : http://www.cestcommeca.net/homosexualite.php

Plan d’action gouvernemental de lutte contre l’homophobie : http://www.justice.gouv.qc.ca/francais/ministere/dossiers/homophobie/plan_action_homo_FR.pdf

3- Liste d’articles

Janik Bastien Charlebois (2011). Au-delà de la phobie de l’homo : quand le concept d’homophobie porte ombrage à la lutte contre l’hétérosexisme et l’hétéronormativité. Revue d’intervention sociale et communautaire. Vol. 17(1). pp. 112-149.

Line Chamberland & Julie Théroux-Séguin (2009). Sexualité lesbienne et catégorie de genre : l’hétéronormativité en milieu de travail. Genre, sexualité & société, 1,  Récupéré à http://gss.revues.org/772

Vanessa Watremez (2007). L’hétérosexisme et la lesbophobie vécus par les lesbiennes en milieu de travail. Deledios. Récupéré à http://www.infofemmes.com/telechargements/Deledios-Etude.pdf

Vincent Chouinard (2011). La prévention de l’homophobie et de l’hétérosexisme à l’école secondaire : besoins et perceptions des enseignantes et des enseignants (Maitrise en service social, Université Laval, Québec). Récupéré à URL.