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Agression sexuelle

femmeAGRESSION SEXUELLE ET LA VIOLENCE ENVERS LES LESBIENNES

1- Statistiques

Il est connu que les gais, bisexuel(le)s et lesbiennes sont davantage la cible de violence et affichent ainsi un taux plus élevé de victimisation que les hétérosexuels (Statistiques Canada, 2008). En ce qui concerne spécifiquement la violence sexuelle, les lesbiennes sont substantiellement plus vulnérables, 44% d’entre elles en sont victimes, comparé à 3% chez les gais (Zelinger, 2004). Les lesbiennes et bisexuelles se trouvent également plus à risque que les hétérosexuelles face aux agressions sexuelles commises par un agresseur de sexe masculin, et ce, particulièrement lors de la période de l’adolescence. En effet, les jeunes lesbiennes et bisexuelles sont plus nombreuses à avoir vécu au moins une agression sexuelle (36% des jeunes bisexuelles, 29% des jeunes lesbiennes, contre 11% chez les hétérosexuelles) et à avoir été agressées physiquement par un agresseur de sexe masculin (14% des bisexuelles, 24% des lesbiennes et 5% des hétérosexuelles) (Chamberland & Lebreton, 2010).

 

2- Spécificités de l’agression sexuelle chez les lesbiennes et autres formes de violence

La violence sexuelle exercée à l’endroit des lesbiennes comprend la drague indésirée, les préjugés véhiculés envers la sexualité des lesbiennes, la qualifiant en autres d’immature et incomplète, les attouchements, les invitations sexuelles non voulues et le viol (Zelinger, 2004).

Les agressions sexuelles commises envers les lesbiennes, tout comme les hétérosexuelles, ont généralement lieu à l’intérieur du cadre familial. Or, les lesbiennes sont également à risque de subir d’autres formes de violences, telles le harcèlement et l’agression physique, et celles-ci ont généralement lieu dans la sphère publique. Ces agressions ont donc lieu à l’extérieur du cadre familial, soit dans tout endroit public, spécialement lorsqu’ils sont connus pour leur haut taux de fréquentation de lesbiennes. Comme c’est le car par exemple pour les bars lesbiens. Ces formes de violences sont alors exercées par des personnes généralement inconnues, mais ayant tout de même prémédité l’agression comme telle (Zelinger, 2004).

N’oublions pas que l’agression sexuelle peut également s’exercer entre femmes, et ce, peu importe l’orientation sexuelle de la victime et de l’agresseure. Cette réalité demeure toutefois méconnue et niée par l’ensemble de la population, à commencer par la communauté lesbienne elle-même (Girshick, 2002). Ainsi, une lesbienne victime d’agression sexuelle commise par une autre femme, par crainte de représailles ou de ne pas être prise au sérieux, est moins portée à faire appel à des services d’aide suite à l’agression. Cela fait en sorte qu’elle ne bénéficiera pas des soins nécessaires, ce qui peut avoir des impacts sur sa santé physique, psychologique et sexuelle. Les femmes victimes d’agression sexuelle commise par une autre femme vivent sensiblement les mêmes conséquences que celles victimes d’une agression infligée par un homme (Girshick, 2002).

 

3- Impacts sur la santé et le bien-êtreImpacts physiques

Les impacts physiques de l’agression sexuelle sont surtout des douleurs chroniques exigeant des consultations médicales plus fréquentes et des complications gynécologiques et périnatales (Gouvernement du Québec, 2013)

  • Impacts psychologiques

Les femmes agressées sexuellement sont plus vulnérables face à des problèmes de santé mentale (dépression, des symptômes de choc post-traumatiques, idées suicidaires, troubles de la personnalité, anxieux et psychotiques), d’automutilation, de faible estime personnelle ainsi que de développement de mécanismes de défense inadéquats (dissociation, somatisation, abnégation de l’agression, etc.). Le tout, sans compter que les victimes d’agression sexuelle développent souvent des sentiments tels la honte, la culpabilité, de tristesse, allant jusqu’à des d’idées suicidaires (Gouvernement du Québec, 2013).

 

  • Impacts relationnels

Les femmes victimes d’agression sexuelle sont susceptibles de développer des difficultés avec l’intimité dans le cadre de relations amoureuses, en plus de difficultés relationnelles avec la ou le conjoint(e) (Joanne M. Hall, 1998). Cette même problématique peut également engendrer des difficultés relationnelles avec les enfants et les amies de la victime, en ce que celle-ci est davantage méfiante et éprouve des difficultés au niveau de l’attachement (Gouvernement du Québec, 2013).Impacts sexuels

L’agression sexuelle peut occasionner des difficultés sexuelles, les femmes victimes sont plus à risque de craindre l’intimité et développer des dysfonctions sexuelles. Les plus fréquentes sont l’aversion sexuelle, les troubles d’excitation et de l’orgasme ainsi que le vaginisme (soit des douleurs lors de la pénétration vaginale).

 

  • Impacts sur les habitudes de vie

Plusieurs études démontrent que les victimes d’agression sexuelles sont plus à risque de développer des troubles de dépendances, et ce, que ce soit à l’alcool, aux drogues, ainsi qu’aux médicaments (voir fiche sur les dépendances) (Gouvernement du Québec, 2013).

 

  • Impacts sur le développement de l’orientation sexuelle

Les lesbiennes victimes d’agression sexuelle peuvent faire l’association entre la ou les agression(s) et leur orientation sexuelle. Ainsi, il est possible de conclure à tord que l’orientation sexuelle est le résultat d’une aversion sexuelle développée à l’égard des hommes. Or, il demeure important de rappeler que l’homosexualité ne résulte pas d’une conséquence négative de la violence sexuelle vécue, mais plutôt d’une autre façon tout aussi positive de vivre de l’attirance physique et émotionnelle (CALACS, 2013). Elle n’a donc aucun lien avec un passé marqué de violence sexuelle commise par le sexe opposé.

 

4- Et est-ce possible de s’en remettre?

Bien que l’agression sexuelle occasionne des conséquences significatives, il n’est pas impossible de guérir d’un tel traumatisme. Plusieurs services sont offerts aux femmes victimes d’agression sexuelle (voir la liste plus bas). Selon les approches préconisées par les différentes ressources, le soutien offert permet en autres une démarche de dévictimisation et de reprise de pouvoir sur sa vie (Prud’homme, 2010). La présence d’un soutien social est un élément permettant aussi de passer au travers de l’épreuve.

Dans certains cas, il permet à la femme victime de vivre moins intensément le stress et la détresse psychologique qu’a engendré l’agression sexuelle (Billette, Guay & Marchand, 2005). C’est pourquoi n’hésitez pas à demander de l’aide et à vous entourez de vos proches!

  

5- Liens Internet

  1. a) Lien en français

Statistique Canada : http://www.statcan.gc.ca/pub/85f0033m/2008016/findings/5002045-fra.htm

Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel : http://www.rqcalacs.qc.ca

Ministère de la santé et des services sociaux du Québec http://www. .gouv.qc.ca/sujets/prob_sociaux/agression_sexuelle/index.php?accueil

Institut national de santé publique du Québec : http://securitetraumatismes.inspq.qc.ca/agressionsexuelle/

 

6- Liens en anglais :

American psychological association : http://www.apa.org/pubs/info/brochures/sex-abuse.aspx

 

7- Ressources

  1. Points de services des Centres d’aide et de lutte aux agressions à caractère sexuel (CALACS) à Montréal :

 

Mouvement contre le viol et l’inceste (Montréal centre)

(514) 278-9383

 

Trêve pour elles (Montréal-Est)

(514) 251-0323

 

CALACS (Ouest-de-l’Ile)

(514) 684-2198

http://www.rqcalacs.qc.ca

 

  1. b) Centre pour les victimes d’agression sexuelle de Montréal

 

Ligne téléphonique d’urgence 24h/7 : (514) 934-4504

 

  1. Centre de solidarité lesbienne

 

Des suivis individuels aux lesbiennes victimes d’agression sexuelle sont offerts.

(514) 526-2452

 

  1. d) Centre de prévention des agressions de Montréal

 

Services d’ateliers de prévention d’agressions.

(514) 284-1212

http://cpamapc.org/fr/

 

8- Liste de livres & Articles

Diane Prud’Homme (2010). L’intervention fémniste en maison d’hébergement : une vigilance de tous les instants!. Dans Christine Corbeil & Isabelle Marchand (dir.). L’intervention féministe d’hier à aujourd’hui : portrait d’une pratique sociale diversifiée. Canada, Montréal : Les Éditions du remue-ménage.

Irène Zelinger (2004). Entre visibilité et invisibilité : les lesbiennes face à la violence dans l’espace public. Femmes et Villes. 1(8). 195-206.

Joanne M. Hall (1998). Lesbians Surviving Childhood Sexual Abuse : Pivotal Experiences Related to Sexual Orientation, Gender, and Race. Dans Christy M. Ponticelli  (dir.). Gateways to Improving Lesbian Health and Health care (pp. 7 – 17). Etats-Unis, Floride : Routledge.

Line Chamberland & Christelle Lebreton (2010). La santé des adolescentes lesbiennes et bisexuelles. Recherches féministes. 23(2). 91-107.

Lori B. Girshick (2002). Woman-to-woman Sexual Violence : Does she call it rape?. Etats-Unis, Boston: Northeastern University Press, 2002.

Valérie Billette, Stéphane Guay & André Marchand (2005). Le soutien social et les conséquences psychologiques d’une agression sexuelle : synthèse des écrits. Santé mentale au Québec. 30(2). 101-120.